De nos jours, la conscience écologique prend de plus en plus de place dans nos esprits, il n’est plus possible de faire sans. En tant que fans de « vrai vintage » — comme nous aimons le dire entre nous — il nous tient à cœur de rétablir une certaine éthique autour de ce terme à l’ère de la « copie en série ». En effet, les marques ont bien flairé le filon de l’estampillé « vintage » et nous proposent des « copiés-inspirés » avec plus ou moins de réussites.

Reconnaître le vrai vintage

Les marques sont-elles réellement admiratives du travail des designers mid-century ou n’est-ce qu’une manière de faire de l’argent sur ce qui fonctionne et sur ce que les aficionados du design de ces époques révolues aiment et partagent sur les réseaux?


Nous avons constaté que les blogs et la presse ont participé à ce focus du style vintage auprès du grand public, est-ce un mal ou un bien?
Le « vintage » (produit et vendu entre 1930 et 1980) a connu une demande grandissante ces dernières années d’où l’intérêt des marques qui voulaient surfer sur cette vague stylistique. Ce même design que nos parents ne voulaient plus (à force de les voir chez leurs parents) est revenu sur le devant de la scène déco au point d’affoler les médias, la presse et les blogueur.euses.

Reconnaître le vrai vintage

A l’époque, en tant que blogueuses « depuis la nuit des temps », c’est à dire depuis les débuts du blogging belge et français autour de 2007-2008, nos blogs étaient totalement libres de toute influence. Nous partagions nos coups de cœur, spontanément, et le vintage en faisait partie. On adorait chiner, flâner, se réjouir en trouvant la pièce unique qui donnait de la personnalité à nos intérieurs, on était portées par l’amour des brocantes et surtout l’amour des « belles choses de qualité ». C’est tout ça que nous aimions partager et c’est encore ça que nous défendons actuellement avec notre projet Bxl Vintage depuis notre livre en 2013 et sa continuité online en 2021.


Le « vrai vintage » c’est une question d’émotion.


C’est la rencontre avec les matières textiles de qualité, les beaux matériaux d’époque (bois plein, formica, plastique thermo-moulé, travertin, laiton, …) , la patine du temps, l’histoire de chaque objet, chaque designer ou chaque meuble, soit chinés, soit légués de génération en génération. C’est une évidence avec laquelle les « copies » ne peuvent pas rivaliser. Celles-ci se basent sur des modèles qui ont un succès évident et qui sont recherchés actuellement mais elles n’ont pas du tout cette âme que nous chérissons tant.

Un meuble « avant », c’était produit assez localement.

Le capitalisme ne s’en était pas encore mêlé, c’était fait « pour durer » comme on disait, pas pour tomber en ruine après 2 déménagements. Je me souviens encore des meubles que nos grands-parents traitaient patiemment à la cire pour nourrir le bois, ce geste nous pouvons le reproduire encore maintenant sur nos meubles vintage.

Mais et les meubles en plastique alors? (les meubles thermo-moulés dont nous vous avions montré une belle collection appartenant au collectionneur passionné Philippe Decelle qui avait fondé le Plasticarium à Bruxelles, unique au monde et que vous pouvez maintenant admirer depuis 2014 au Design Museum Brussels). A l’heure actuelle le débat fait rage à ce sujet, nombre de pays essayent de revoir toute la chaine de production-recyclage de ce matériau polluant mais à l’époque de l’explosion industrielle ces questions ne se posaient pas encore. L’inconscience collective de l’époque en fit une période de pleine créativité qu’il ne faut pas renier. Le tout est de le réaliser et de prendre bien soin de toutes ces pièces thermo-moulées anciennes qui ne seront plus jamais produites à la même échelle car nous avons appris que le plastique vieillit très mal dans le temps et qu’il n’est pas biodégradable malheureusement.

Vouloir se meubler de « vrai vintage » ce n’est pas satisfaire une envie immédiate.

Vous ne claquez pas des doigts comme dans un showroom déco de grande chaine où tout est produit en série et en quantité. Vous devez prendre le temps de chiner, d’années en années, les pièces qui vous touchent, qui vous émeuvent et qui finiront pas s’assembler de manière évidente dans vos intérieurs. Peut-être même que vous les changerez de place jusqu’à trouver leur emplacement le plus harmonieux. De cette manière, vous ne vous lasserez pas de ces trouvailles de cœur, elles pourront vous suivre au fil de votre vie. Au plus vous prendrez votre temps, au plus votre intérieur sera unique et à votre image. Et si vraiment vous regrettez un achat, il n’est pas interdit de le revendre, ça participe au mouvement de l’économie circulaire. Solide, il fera le bonheur de quelqu’un(s) d’autre pour encore de nombreuses années.

Pinterest, les magazines et les réseaux peuvent bien entendu influencer vos recherches, vous donner envie de trouver tel ou tel meuble et objet mais nous aimons penser qu’il faut un peu sortir de l’influence au risque de voir tous les intérieurs se ressembler. Soyez inspiré mais soyez vous. Ce n’est pas parce qu’on voit des enfilades partout qu’il faut absolument en avoir une au risque de soit-disant rater sa vie stylistique et son intérieur. Relâchez la pression, personne ne participe au « Top Chef du Design Vintage ».


Et le prix alors?

En toute transparence, quand ce n’était pas encore la « mode » de se meubler vintage et même plutot jugé sans intérêt, à part par les amateurs de design et les collectionneurs, il était bien entendu plus facile de trouver des belles pièces à prix raisonnable. Et pourtant, malgré l’engouement de l’offre et de la demande, nous achetons encore du vintage d’époque en fouillant patiemment, en chinant dans les lieux moins clinquants, chez les petits brocanteurs et brocantes de quartier ou sur internet. Vous seriez étonné.es des pépites dont les gens se débarassent sans imaginer que ce sont parfois des pièces de collection. Donc oui, le prix doux et la patience vont inévitablement de pair. Pour satisfaire votre quête, je vous encourage à modérer votre impatience, et dites-vous que chiner en conscience c’est comme Indiana Jones et sa recherche de l’Arche Perdue (des années, ce me semble). Prendre le temps parfois d’économiser si on sait que l’on souhaite une belle pièce précise, ça permet aussi de bien réfléchir avant d’acheter et ça élimine de facto les achats inutiles de consommables illusoires. Je me souviens exactement où j’ai acheté chaque objet ou meuble vintage, je me souviens même de la gentillesse des vendeurs.seuses ou de l’aventure folle de certaines trouvailles. C’est plus poétique qu’un colis suremballé et anonyme, non?

Dans le vintage il n’y pas non plus de règle précise.

Vous pouvez aimer le Golden flower power sixties-seventies avec des couleurs flashy et du mobilier plastic fever effet « Pop » ou le design Midcentury d’inspiration scandinave aux meubles épurés et élégants, pour cibler de manière large et différente. Le tout est de savoir ce qu’on aime et ce qui nous fait du bien personnellement.

En résumé et pour vous assurer de pouvoir reconnaitre et vivre le « vrai vintage »,
pensez à ces 5 points mémos :
  • Consommez slow, prenez le temps de chiner au fil du temps.
  • Observez la qualité de votre meuble ou objet – c’est un indicateur pour juger de l’époque de production. Avant c’était du solide, peut-être pas écogéré mais « solide de chez solide » et qui traverse les époques si on en prend soin. C’est clairement de l’économie circulaire. De plus, c’était même rarement des meubles démontables sauf pour certains buffets ou garde-robes qui sinon ne passaient pas les portes, mais il fallait parfois y aller au clou et au marteau, indicateur certain de l’époque. De plus, ils peuvent avoir des légers ou sérieux signes du temps, patinés ou griffés au fil des années, étonnement ça leur rajoute du cachet.
  • Vivez le vintage, flânez, fréquentez les brocantes, allez toucher et voir de près pour ressentir l’émotion du vintage, faites-en un vrai plaisir, pas une checklist à barrer pour épater votre audience Instagram.
  • Consommez local, un meuble vintage vendu à Bruxelles a quand même beaucoup de chance d’avoir été produit dans un rayon qui ne s’étend pas plus loin que l’Europe et peut-être même pas plus loin… que la Belgique. Point non négligeable à l’heure actuelle et qui vaut pour tous les pays bien entendu.
  • Et puis, pour finir, faites vous plaisir en fonction de ce que vous aimez même si ça ne correspond pas à ce que vous avez vu dans les médias. Sortez du conventionnel et amusez-vous.


Jennifer – Bxl Vintage (Photos Bxl Vintage, tous droits réservés).

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